LE LAISSER PASSER

Proche parent du Coup à blanc, mais d'utilisation parfois bien plus complexe , il faudrait  consacrer un très long chapitre à son mode d'emploi sans pour autant  épuiser le sujet.
Ses buts sont multiples et variés :
-  réduction du compte, phase préparatoire à la mise en place d'un squeeze
-  destruction des communications adverses
-  préservation des ses propres communications
-  Coup de Bath
-  protection contre un flanc dangereux
-  et bien d'autres encore.

 A/- LAISSER PASSER dans les contrats à SANS ATOUT

Lorsqu'on ne dispose que d'un seul arrêt, ou deux, dans la couleur adverse il est parfois indispensable de laisser passer une ou plusieurs fois dans le but de couper les communications de l'adversaire.

Il est indispensable d'apprendre à déterminer  ce nombre de fois bien entendu lorsque cela sera possible.  Et bien, rien de plus simple, si on connaît la REGLE DE SEPT.

REGLE DE SEPT:  Si l'on prend comme postulat que la carte attaquée provient très souvent d'une couleur 5ème, on arrive à déduire , sans trop se triturer les méninges, que les 8 cartes restant sont  partagées entre les 3 autres mains. Nanti d'un si précieux renseignement,, le déclarant peut par un  petit calcul  :

- compter les cartes détenues par son camp

- additionner ce nombre aux CINQ présumées détenues par l'attaquant

- soustraire le total obtenu des 13 cartes d'une couleur

 Le résultat représente le nombre de cartes détenues par l'autre adversaire. En déduisant 1 de ce nombre on obtient le NOMBRE DE FOIS qu'il faut laisser passer.

a/-

On peut aussi procéder  de manière plus simple :

-   totaliser le nombre de cartes détenues par le camp du déclarant

-   soustraire de total de SEPT

Le résultat indique le nombre de fois qu'il faut laisser passer.

b/- Voyons maintenant le pourquoi de ce chiffre SEPT :

Dans le cas présent l'on ne prendra que lorsque l'As sera "chauve".

c/- laisser passer une fois

d/- pas de laisser passer

Est ne détient qu'une carte. C'est à dire 13-12. En principe l'on peut prendre immédiatement car 7-7=0. Mais il ne coûte rien de laisse passer une fois, si possible, au cas où ... on ne sait jamais !

Pour faire comprendre le chiffre SEPT, un petit calcul suffit. En reprenant les exemples ci-dessus, on ajoute le nombre de cartes détenu par EST au nombre de cartes du camp adverse :

Autre question : Pourquoi ce MOINS 1 dans la REGLE DE SEPT ?

1°/- parce que le MOINS 1 représente  la carte qui fera la levée.... au moment opportun.

2°/- parce que le nombre de  laisser passer coupe les communications de l'adversaire

d/- suite

Ce dernier exemple a été intentionnellement mal choisi. L'entame du Roi ne donnant aucune indication sur la répartition de la couleur il vaut mieux laisser passer une fois. Cependant il est opportun de ne pas oublier que cette règle a aussi ses exceptions :
- crainte d'une contre-attaque dangereuse

- nécessité de protéger un honneur en "courant d'air"

- nécessité d'orienter une impasse

- autres cas de figure.

 e/- encore un laisser passer nécessaire

Que va-t-il se passer si Sud prend le Valet de ª à la première levée et que l'impasse au Roi de § échoue ? Le diagramme devient  :

  Si Sud avait appliqué la règle de sept, il aurait amené le diagramme suivant :

f/- l'exemple précédent  légèrement modifié

                                                                                             1SA*  = 15/17        2 ¨*  = bicolore majeur    2 ª*  =  cue bid par inférence 10/12 PHL

La place de l'As permet d'orienter l'impasse §.

- Si elle réussit tant mieux, l'on fera du mieux.

- Si elle échoue la main est en Ouest. S'il encaisse l'As de ª Sud aura droit à du bonus.

Il est donc évident qu'un laisser passer dans cette situation serait une faute que même un débutant ne saurait commettre. Qu'arrive-t-il en effet si Sud applique aveuglement cette fameuse REGLE DE SEPT ?

Au  deuxième tour, Ouest tire l'As de ª et encore un tour de ª  pour affranchir la couleur qu'il réalisera dès qu'il prendra la main avec le Roi de §. 

Sud doit par conséquent prendre immédiatement. Il rentre au mort à carreau et attaque de la Dame de § pour l'impasse au Roi. Dans le cas présent elle ne réussit pas mais Ouest a toujours un problème :

-  s'il continue par As de ª et petit ª, Sud encaissera 11 levées.

-  s'il attaque une autre couleur,  Sud finira par encaisser 10 levées.

Conclusion : le LAISSER PASSER est une technique  simple demandant seulement un peu de réflexion et rien d'autre.

g/-  La donne suivante, jouée lors d'une finale  Excellence par 4 en 2001 a donné des résultats surprenants vu le classement des protagonistes et quelques IMP de différence : :

 2 ©*      =   Texas ª

 X*         =  spoutnik généralisé  (lors du match, la cabine n'était pas pressurisée).           

 4 SA** = Quantitatif pour Sud      Blackwood  pour Nord. Il est évident que les deux partenaires ne parlent pas le même langage. Les enchères ne sont là que pour égailler le sujet.

Entame : "10 de ª journaliste"  promettant un honneur majeur.  En salle ouverte Sud est au pied du mur. Il ne peut pas laisse passer et pour cause !  L'impasse à la Dame de ¨ doit réussir. Donc :

-  As de ¨ en  "coup de sonde"

-  trois tours de ©  en restant en main.

-  impasse à la  Dame de ¨ et  fin de coup heureuse.

-  En salle fermée Sud joue correctement et laisse passer. Ouest encaisse l'As et  Sud ne réalise que 11 levées

.

h/- laisser passer et sacrifice d'un honneur

L'hypothèse 2  ne comporte aucun danger, à condition de ne pas se tromper dans l'analyse de la première. Si le Roi de ¨ est en Ouest, auquel cas l'impasse réussit, Sud peut couvrir le valet de ª  de la Dame. Tant que la main reste en Ouest, le Roi de ª est bien protégé.

Il y a par contre danger si le Roi de ¨ se trouve en Est. Un retour ª de ce côté transperce le Roi et fait chuter le contrat : 5 levées à ª et le Roi de ¨. Pour faire face à ce danger, un laisser passer s'impose. De toute façon Sud ne peut faire qu'une seule levée à ª.  Dans le doute "abstiens-toi" dit le proverbe. Il est bon de s'en souvenir lorsqu'il le faut. Le sacrifice de la Dame de ª  a été payant.  

i/- encore un sacrifice indispensable

Fournir le Roi du mort sur le 8 de § c'est vouloir consacrer la chute. Est débloque le 10 et dès qu'il prend la main à ª , il contre-attaque le 2 de § pour transpercer le Valet de Sud.
Sud chute un contrat qu'un laisser passer aurait sauvé. L'expert de service objectera probablement que si l'As de ª est en Ouest ...et cetera, et cetera.
Souvenez-vous du nez de Cléopâtre et dites-vous bien qu'un jeu de sécurité s'impose chaque fois qu'il y a doute sur la place d'une  carte ou la répartition d'un résidu.

j/- Le  miroir aux alouettes

Sud tout guilleret de recevoir  une entame aussi favorable  prend immédiatement du 10 et s'attaque aux ¨.  
Ouest  prend de l'As  et rejoue le 3  de © pour le 7 d'Est. Sud prend de la Dame et insiste à ¨. Constatant le mauvais partage il prend du Roi  et attaque les §. Est plonge de l'As et insiste avec le Roi de ©. 
Maintenant Sud laisse passer, mais il est trop tard.  Il a saboté son contrat à la 1^ère levée. S'il avait tenu compte de la règle de sept il aurait laissé passer la  1^ère levée et pris à la seconde pour amener  le diagramme suivant  

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